Mon Top 5 Ciné 2017

 

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1- Faute d’amour -Andreï Zviaguintsev

Pour moi c’est LE film de 2017, celui qui allie un regard impitoyable sur la société russe avec une mise en scène au diapason. A travers la disparition d’un enfant, le réalisateur autopsie la société russe dans ce qu’elle a de plus négatif (matérialisme, individualisme et hypocrisie autour des valeurs religieuses et familiales) et positif à travers un groupe de citoyens bénévoles qui se substituent aux services de l’Etat pour aider à retrouver les disparus. Les scènes recherches tournées dans des bâtiments désaffectés traduisent l’angoisse et l’abandon dans lequel se trouve la Russie. Les dialogues sans concession sont très éprouvants mais il est impossible de détourner le regard. Ma palme d’or!

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2 – Loving – Jeff Nichols

Jeff Nicholls continue à tracer son sillon naturaliste pour raconter cette fois ci un aspect politique de l’Histoire des Etats-Unis, à savoir la bataille juridique d’un couple mixte à une époque où le mariage « mixte » est interdit dans certains Etats américains. Le résultat est sublime et très sensible. Chronique.

Jackie-Kennedy

3 – Jackie – Pablo Larrain

Je m’intéresse beaucoup à l’histoire des Kennedy. Pablo Larrain choisit de se concentrer sur la manière dont Jackie Kennedy a géré les jours qui ont suivi la mort de JFK en alternance avec ses confidences à un journaliste. La reconstitution historique donne lieu à des scènes époustouflantes comme la course de la voiture du président blessé en direction de l’hôpital ou le cortège funéraire. Ce film confirme que l’avenir du biopic se situe bien dans ce type de focus et non plus sur un récit de vie linéaire et parfois un peu laborieux.

Mother

4- Mother! – Darren Aronofsky 

Le nouveau film de mon réalisateur préféré a été vendu comme un film d’horreur domestique à la Roman Polanski. Si il commence par un huis-clos un peu théâtral entre un écrivain en panne d’inspiration et sa compagne-muse (excellente Jennifer Lawrence) il brasse ensuite un nombre incroyable de thèmes (création artistique, dérives de la célébrités, violences). Darren Aronofsky se lance dans une suite de scènes grandioses qui résument les souffrances que les humains s’infligent et qu’ils infligent à la terre-mère. Les mises en abîme sont nombreuses et les interprétations infinies.

Get-Out

5- Get Out – Jordan Peele

Get Out pourrait passer pour un film d’horreur efficace et à petit budget. Mais il est surtout une réflexion sur les relations entre noirs et blancs dans les Etats-Unis post-Obama. C’est difficile de parler de ce film sans trop vous spoiler, je dirais qu’il évoque l’hypocrisie de la bourgeoisie blanche américaine qui se dit progressiste et s’approprie les héros et les références des afro-américains jusqu’à un degré extrême. La mise en scène est très réussie sauf dans le dernier quart d’heure un peu excessif à mon goût.

Noé – Darren Aronofsky

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Note: 08/10

J’attendais ce film depuis près de 2 ans! J’adore Russell Crowe et le réalisateur Darren Aronofsky dont Requiem for a dream et Black Swan sont selon moi des chefs-d’oeuvres. J’ai malheureusement dû le voir en VF et avoir droit à des répliques telles que « Mère où est Père? » et à des dialogues parfois en décalages avec les lèvres des acteurs… Je ne vais pas trop m’attarder sur le scénario inspiré la Bible, qu’il suit dans ses grandes lignes. On ne peut qu’être gêné par les sous-entendus incestueux déjà présents dans le récit biblique mais ce n’est pas vraiment l’objectif de cette chronique.

Le film est audacieux comme on peut s’y attendre avec le réalisateur. Le visuel est inventif: il utilise les effets spéciaux à bon escient. J’ai particulièrement apprécié les « Veilleurs » créatures divines littéralement « embourbées » sur terre. Ils sont très nuancés moralement dans un film où tout semble excessif. En effet, les questionnement et les choix sont on ne peut plus profonds. Il est question de sauver une partie de l’humanité et les animaux mais dans quel objectif finalement? Les questionnements philosophiques torturent Noé et détruisent progressivement ses relations avec sa famille. Les questions posées sont finalement relativement classiques comme dans d’autres films de Darren Aronofsky (comment être sûr d’avoir raison? à qui peut-on faire confiance? Les thèmes de la solitude, de la méfiance, de l’isolement, de l’obstination malsaine sont également cohérents avec le reste de sa filmographie.

Les acteurs sont excellents avec un petit bémol pour Douglas Booth interprète du fils aîné Sem qui semble un peu trop lisse. On peut aussi voir dans ce film une métaphore du cinéma qui a été très peu relevé par les critiques. Le moment où Noé raconte la Genèse à sa famille est par exemple selon moi, une manière de s’émerveiller devant les pouvoirs des techniques cinématographiques. De plus, la dégradation de la relation entre Noé et sa famille peut être considérée comme une métaphore des tournages difficiles.

Ce film est donc un bel exercice de style sur un thème très classique mais encore polémique à en croire la réaction de certains spectateurs. Il alterne des scènes d’actions, des drames psychologiques mais aussi quelques beaux moments d’harmonie familiale sans que cela paraisse trop hétéroclite. Le film ne subjugue pas autant que Black Swan mais Darren Aronosky réussit tout de même son pari!