Dans l’ombre de Charonne – Désirée et Alain Frappier

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Résumé: Maryse, une jeune lycéenne de 17 ans, décide de participer avec ses copains de lycée à une manifestation contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Nous sommes à Paris, en 1962. 50 ans plus tard, Maryse Douek-Tripier, devenue sociologue, profondément marquée par ce drame dont elle est sortie miraculeusement indemne, livre son témoignage à Désirée Frappier. 

Note: 7,5/10

Critique: Après le roman-graphique consacré à Benoîte Groult, je poursuis l’histoire du XXè siècle à travers la bande-dessinée. Les auteurs consacrent cet ouvrage à l’épisode dit du « Métro de Charonne » . Il s’agit d’une manifestation ayant eu lieu le 8 février 1962 et qui a provoqué la mort de 8 manifestants sous la pression et les coups des forces de l’ordre. Ce thème est très peu assumé politiquement par la France, l’ouvrage s’inscrit dans une sorte de devoir de mémoire à l’occasion des cinquante ans  de l’indépendance algérienne (1962-2012).

Les auteurs prennent le temps de remettre les évènements dans leur contexte politique mais aussi de présenter la jeune Maryse. Immigrée d’origine égyptienne, elle est apatride. Dans l’espoir d’une naturalisation future, ses parents lui demandent de rester discrète et de ne pas trop s’engager politiquement. Cependant, le jeune femme étudie dans un lycée très élitiste et « moderne » pour l’époque et de nombreux débats politiques s’y développent.

Un dessin au service du sujet

Contrairement à la couverture, la totalité de l’ouvrage est en noir et blanc et en niveaux de gris. La forme s’adapte totalement aux faits exposés: on trouve ainsi de longs textes couvrants des pages entières, des reproductions de coupures de presse, des cartes…etc. Les auteurs reconstituent les faits en s’appuyant sur les travaux historiques (cités en bibliographie) et tentent de montrer les responsabilités de chacun alors que 50 ans après les faits aucun procès n’a eu lieu. Le témoignage de Maryse est parfois flou concernant les  bousculades et les violences, ainsi elle affirme que cela lui a  laissé « peu de souvenirs mais beaucoup de stigmates ».

Il s’agit donc d’un ouvrage sobre qui permet de vulgariser une histoire méconnue. Le couple a également co-écrit un autre ouvrage plus léger sur les années 1980 intitulé La vie sans mode d’emploi et qui commence à avoir une petite notoriété.

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